Groupe 2 : nos lectures

Quand j'étais jeune, je n'arrivais pas à me lever tôt. Le mercredi, je restais au lit jusqu'à midi. Ma mère m'engueulait quand elle venait manger. Moi, je traînais, les yeux bouffis de sommeil. Je prenais mon café quand elle faisait cuire son bifteck. C'est seulement le soir que je commençais à prendre ma vitesse de croisière.

La nuit, j'étais fraîche comme un gardon. Ma mère, elle, était endormie sur le canapé, épuisée par sa journée de travail.

Quand j'étais jeune, je ne savais rien des matins. Je ne savais donc pas ce que je perdais. Le silence, le calme, la sérénité. Je n'avais jamais entendu parler de l'heure bleue, quand tout est arrêté, quand aucun oiseau ne chante, quand aucun avion ne survole aucun embouteillage, quand les fleurs embaument.

Depuis que j'ai mon commerce, ce sont les matins que je préfère. Je me promène dans ma boutique. Je regarde les fleurs qui se réveillent, qui s'ouvrent doucement, qui, les unes après les autres, dispensent leur parfum...

Deux fois par semaine, je pars à Rungis chercher celles que j'exposerai dans le magasin. Je me lève encore plus tôt. Et ça ne me dérange pas. Si maman était encore là, elle serait sur le cul. Elle me demanderait: Qu'est-ce que tu fabriques avec ton sécateur?»

C'est pas un sécateur maman. C'est un coupe-tout. Pour tailler, élaguer, pour soigner.

Maman, ce que je peux regretter de ne t'avoir jamais vue un matin.